Rapport annuel intégré 2018

Tendance N°4. Plus de performance – Moins de ressources consommées

TENDANCE N°

PLUS DE PERFORMANCE
– MOINS DE RESSOURCES CONSOMMÉES

Jean Jouzel

L’enjeu que je ne vois pas dans ce rapport annuel intégré est l’adaptation du bâtiment au réchauffement climatique, avec une isolation efficace et une climatisation peu consommatrice en énergie. Même avec un réchauffement de 1° C – ce que nous aurons du mal à éviter à un horizon de 30 ans -, l’intensité des vagues de chaleur augmentera 2 fois plus rapidement dans les villes.

RÉNOVATION DU PARC ANCIEN, TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, MATÉRIAUX BAS CARBONE, RECYCLAGE… LE BÂTIMENT APPORTE DES SOLUTIONS DANS LA LUTTE CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT. MAIS AUSSI POUR LA BAISSE DES CHARGES DES MÉNAGES.

L’importance de l’empreinte environnementale du bâtiment est connue. À l’origine de 43% (1) de la consommation énergétique française, celui-ci est aussi responsable de plus du quart (1) des émissions nationales de dioxyde de carbone (CO 2). Au 1er rang des postes les plus contributeurs à ces facteurs de dérèglement climatique, le chauffage des bâtiments anciens est aussi un défi social. 14,6% des ménages (2) (soit 3,8 millions de personnes) sont en situation de « précarité énergétique ». C’est-à-dire que la part des revenus qu’ils consacrent à ce besoin essentiel est 2 fois supérieure à l’effort médian des Français, avec le risque d’endettement ou tout simplement de devoir renoncer à se chauffer.

Les moyens publics annoncés en 2018 par le gouvernement (14 milliards d’euros sur 5 ans) seront vraisemblablement insuffisants pour transformer chaque année 500.000 « passoires thermiques » – étiquetées « F » ou « G » au diagnostic énergétique – en logements énergétiquement performants.Et in fine, tenir l’objectif de neutralité carbone en 2050. Le coût moyen des travaux nécessaires au passage à la normeBBC (Bâtiment Basse Consommation) est en effet de 35.000 euros par logement (3). Face à l’ampleur de la tâche– 7,5 millions de « passoires » à rénover –, tous les acteurs privés doivent y contribuer.

Jean Jouzel

Le bâtiment, l’urbanisme sont à l’avant-poste de la réduction de GES ; plus que le transport, dont les émissions risquent de continuer à augmenter à moins de ruptures technologiques. La lutte contre le réchauffement climatique recouvre à la fois une qualité des bâtiments en termes d’isolation et de climatisation, le développement de solutions de production d’énergie – par exemple, le recours à l’énergie solaire et à la récupération d’énergie – et des matériaux à faible contenu carbone pour la construction.

(1) Ministère de la Transition écologique et solidaire – « Énergie dans les bâtiments », novembre 2016.
(2) Insee Première n° 1530, janvier 2015.
(3) Fédération française du bâtiment.